La Joaillerie & les pierres synthétiques se combinent de plus en plus ces dernières années. En découle une lutte entre pierres naturelles et pierres de laboratoire. La synthèse des pierres a toujours fasciné les plus grands alchimistes. Promesse de richesse et succès. Quand d’autres y voyaient un pacte avec le malin, le diable ou de l’escroquerie. Depuis, l’invention des protocoles pour les obtenir a changé la done grâce à la science. Pour les plus curieux, vous pouvez retrouver cette histoire dans nos grands dossiers sur le Diamant et les Corindons (rubis & saphir).
Bien entendu, les motivations des recherches consacrées à leur synthèse sont intrinsèquement liées à leur valeur marchande. Mais également à leurs propriétés singulières. Le Corindon (rubis & saphir) tout comme le Diamant ont donc, toujours été au centre des convoitises.
Actuellement, on parle beaucoup plus du diamant de synthèse. Pourtant, une autre pierre de synthèse est bien plus présente: le Corindon.
En effet, c’est un corindon incolore, saphir blanc transparent de synthèse, qui est utilisé pour les glaces des Gardes-Temps de qualité. On le retrouve alors dans les montres sous sa forme transformée par la mains de l’Homme: la « glace saphir ». Aussi, les fameux rubis, au cœur du mécanisme de la montre, peuvent être synthétiques. Ceci explique pourquoi certains d’entre-eux ressemblent davantage aux saphirs roses. Les spinelles sont aussi concernés.
En Janvier 2023, la Manufacture Roger Dubuis dévoilait son Monobalancier Excalibur Blacklight Spin-Stone™. Les gemmes de la montre sont des pierres synthétiques. En effet, chaque spinelle a été cultivé par synthèse de façon à obtenir une luminescence exacte, tant en nuances qu’en uniformité. Cette technique délicate et précise fait en sorte que la couleur et la lumière se mélangent parfaitement.
La Joaillerie, l’Horlogerie & les pierres synthétiques
Le Diamant
Aujourd’hui, si les diamants de synthèse sont sous les feux des projecteurs, ce n’est pas uniquement pour la polémique lancée par le Joaillier FRED (LVMH). En effet, les joailliers qui utilisent les diamants de synthèse ne sont pas si marginaux. Il s’agit même d’une pratique revendiquée, souvent assumée. On les retrouve inscrits dans le positionnement de la joaillerie éthique, le Fairmined & cie. Depuis le temps que nous travaillons chez Luxury Touch, nous avons déjà eu entre nos mains des diamants de synthèse ou des pièces en contenant.
Chez l’horloger BA111OD avec sa montre Chapitre 2.4 par exemple. Bien avant, Swarovski nous avait bluffé avec ses diamants de couleur synthétiques de toute beauté. La différence entre les meilleurs diamants de la Place Vendôme et les diamants synthétiques ne s’observe pas. Du moins à l’œil nu, et même parfois, par un regard expérimenté comme celui d’un gemmologue expert… Ainsi, le diamant, qu’il soit naturel ou synthétique, conserve sa beauté et surtout les mêmes qualités. Alors, y-a-t-il un débat à lancer pour les consommateurs ?
La différence de prix entre un diamant naturel et une pierre de synthèse n’est pas si grande que l’on pourrait l’imaginer. Surtout, les pierres de synthèse permettent un plus grand nombre de carats pour la même somme. Soit un avantage pour le client final. Aussi, on peut trouver des pierres extraordinaires parmi les gemmes synthétiques, avec des teintes et des éclats qui peuvent être reproductibles. À contrario des pierres naturelles, où il s’agit vraiment d’une autre histoire…
Conserver la valeur
L’enjeu des Pierres Naturelles
Face aux pierres de synthèses, comment réagir ? Il y a quelques années, les producteurs de diamants ont contre-attaqué cette tendance en lançant le site Natural Diamond avec le Natural Diamond Council. Sa visée, faire du lobbying en faveur du diamant naturel et montrer les efforts de la filière. Un secteur qui a progressé en transparence et en impact écologique sans pourtant atteindre le « flawless » exigé pour les gemmes rares de la Place Vendôme. On peut alors se questionner car en réalité: pierres de synthèse comme pierres naturelles possèdent toutes les deux un impact sur l’environnement pour leur obtention.
La différence et ce qui les distingue réellement, reste la philosophie motivant l’achat. La synthèse offre cette sensation d’éthique alors que le naturel évoque la Beauté de la Nature et ses merveilleuses créations. Ces deux aspects reflètent surtout un affect émotionnel louable. Mais la véritable problématique reste la rareté.
Et si le diamant, pierre de référence pour incarner la première des Précieuses Historiques (diamant, rubis, saphir et émeraude), n’était plus si rare que cela ? C’est le grand enjeux qui motive la communication des producteurs de diamants.
Si on fait un parallèle avec le parfum, on pourrait aborder la vanilline (cet aldéhyde qui dévoile une délicieuse odeur de vanille). La vanille étant une épice rare, dans la parfumerie d’antan, son sillage était confidentiel, luxueux. Or, lorsque les parfumeurs ont compris comment fabriquer de la vanilline de synthèse, le goût et l’odeur de la vanille n’étaient plus rares.
Au contraire, ils se sont retrouvés dans des processus industriels et se retrouvent encore de nos jours dans l’agro-alimentaire, les parfums & cie. Toutefois, son essence naturelle n’a pas perdu en valeur.
Un exemple de Campagne du Natural Diamond Council:
Autre et dernière analogie: la santé. La nature nous dévoilent ses trésors, et certains peuvent même nous soigner ou nous rétablir. C’est le cas d’un produit très commun de nos officines: le Paracétamol. L’Acétaminophène de son véritable nom, est disponible dans la nature. Cet antipyrétique se retrouvait dès l’Antiquité dans des préparations à partir de composés naturels. (écorces de cinchona dont dérive la quinine / Salicylate, dont dérive l’aspirine, contenu dans l’écorce de saule). De nos jours, ces substances de synthèse sont fabriquées en laboratoire, et non plus extraites directement des plantes car elles répondent à une problématique de bien commun et de droit à la santé. La visée était donc de rendre les médicaments accessibles à tous.
Pierres Synthétiques et Joaillerie
En définitive, le propos de cet article n’est pas de porter atteinte aux pierres naturelles. Ni aux pierres synthétiques en joaillerie, ni à ceux qui les utilisent. Au contraire. Il s’agit surtout d’illustrer cette tendance qui ne cesse de croître dans le secteur du Luxe.
Preuves à l’appuie, il est difficile de nier l’usage des gemmes produites par l’Homme en imitant la Nature. Cependant, on peut distinguer une réalité d’ordre économique. En effet les producteurs de diamants naturels forment un oligopole puissant.
Avec l’usage de plus en plus fréquent des pierres de synthèse, les producteurs de diamants naturels vont devoir s’adapter. Comment va se développer le secteur de gemmes de synthèse? Comment vont réagir les acteurs-extracteurs de pierres naturelles? Seul le futur nous le dira.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à regarder la vidéo du vulgarisateur SORTIE D’USINE avec sa consœur Sciencedecomptoir ci-dessous.
« Comment créer du diamant avec du sucre et beaucoup de poigne : de Lavoisier à Tracy Hall, la petite histoire du seul rêve fou des alchimistes à avoir réellement eu lieu. »