La rédaction vous embarque dans ce premier Carnet Culture pour l’Automne 2024 en trois expositions d’exception à Paris et un livre captivant se déroulant à Venise… Belles découvertes ! (Visuel de Une: Renards, 1886. Huile sur toile, Gothenburg Museum of Art, Gothenburg. © Gothenburg Museum of Art.
1 • Bruno Liljefors. La Suède sauvage au Petit Palais
Le Petit Palais présente pour la première fois l’œuvre de ce peintre suédois (1860-1939), figure incontournable de la scène artistique scandinave de la fin du XIXe siècle mais aujourd’hui méconnu. Il était célébré en son temps comme « le prince des animaliers ».
« Ce que je m’efforce de figurer dans mes tableaux animaliers, ce sont les individus mêmes. Je peins des portraits d’animaux. » Bruno Liljefors, 1902
Cette splendide exposition dévoile une centaine de peintures, dessins et photographies issus des collections des plus grands musées suédois mais aussi de nombreuses collections privées. On apprécie la virtuosité picturale de l’artiste, le feu d’artifice de détails que l’on découvre dans son œuvre. On reste également admiratif devant le cadrage audacieux de ses toiles.
Bruno Liljefors représente avec poésie et grâce la beauté de la nature suédoise et les animaux dans leur vie quotidienne. Il travaille en immersion dans la nature pour saisir sur le vif des portraits de renards, lièvres, tétras, grand-duc, oies, moineaux, geais, chat… Il arpente les landes, les marais et les forêts profondes en se camouflant pour observer l’énergie vitale de la nature. Ses recherches esthétiques sont largement influencées par le japonisme et l’art extrême-oriental, bien qu’il s’en défende !
La France possède un seul tableau conservé au musée d’Orsay : Les Courlis (1913). C’est le président de la République de l’époque Raymond Poincaré qui le fit acheter par l’Etat !
Aujourd’hui où nous prenons conscience qu’il faut protéger la nature et la biodiversité, Bruno Liljefors nous invite à nous émerveiller.
Nos coups de cœur :
Lièvre variable, admirable tableau d’un lièvre dans la neige, Anna, l’épouse de l’artiste (assise au cœur de la végétation) Le Chat Jeppe dans le soleil de printemps (chat du peintre allongé dans le sable), L’atterrissage des oies sauvages (avec lumière admirable du crépuscule), Chat avec un oisillon (Cinq études d’animaux dans un cadre).
Petit Palais, avenue Winston Churchill 75008 Paris. Du 1er octobre 2024 au 16 février 2025.
2 • Caillebotte, peindre les hommes au musée d’Orsay
L’exposition dévoile environ 70 œuvres, réunissant les plus importants tableaux de figures du peintre français Gustave Caillebotte (1848-1894) mais aussi des pastels, dessins, photographies et documents. L’occasion de découvrir son sujet de prédilection pour les figures masculines et les portraits d’hommes. Sa personnalité artistique s’affirme dans ses vues de Paris (Rue de Paris, temps de pluie ; Au café…) et ses scènes de la vie ouvrière (Les raboteurs de parquet).
Cet évènement s’organise l’année du 130e anniversaire de sa mort (1894). Il correspond également à la date du legs de son incroyable collection de peintures impressionnistes à l’État. Soutien indéfectible du mouvement impressionniste, dès 1876, Caillebotte avait acquis des œuvres de ses amis impressionnistes. Il en possédait 67 en 1883 !
Partie de bateau
Ce chef-d’œuvre de Gustave Caillebotte, « icône » de l’impressionnisme encore récemment en main privée, a fait l’objet d’un classement au titre de « trésor national » le 30 janvier 2020. Le tableau vient de rejoindre les collections nationales du musée d’Orsay grâce à l’exceptionnel mécénat de LVMH.
Musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris. Du 08 octobre 2024 au 19 janvier 2025
3 • Harriet Backer, la musique des couleurs au musée d’Orsay
Cette première rétrospective en France est consacrée à cette artiste peintre norvégienne méconnue hors des frontières de son pays… Elle a pourtant été la peintre femme la plus renommée de Norvège à la fin du XIXe siècle. Peintre d’atmosphère, elle est marquée par le Naturalisme français et également par l’Impressionnisme : Intérieur bleu (1883).
Parcours de l’exposition
Après l’évocation de la formation de l’artiste dans les grandes capitales culturelles de l’époque (notamment Munich et Paris) l’exposition dévoile également le cercles de ses proches : des artistes femmes scandinaves qui partagent ses engagements féministes.
Ensuite, elle aborde ses grands thèmes de prédilection : les peintures d’églises traditionnelles norvégiennes, les intérieurs rustiques, les paysages et les natures mortes. Connue pour ses portraits sensibles et son usage de coloris riches et lumineux et son grand intérêt aux variations de la lumière, elle réalise une synthèse très personnelle des scènes d’intérieur avec pour devise : « Le plein air dans l’intérieur. »
L’exposition consacre également une large place aux représentations de scènes musicales. Il faut savoir que sa sœur Agathe Backer Grondhal fut une musicienne renommée en Norvège et les visiteurs ont ainsi le plaisir, en pleine exposition, d’écouter les partitions de celle-ci !
Musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris. Du 24 septembre 2024 au 12 janvier 2025.
4 • La gondole des Ténèbres par Robert de Laroche
C’est toujours un plaisir de se plonger dans les enquêtes de Flavio Foscarini qui se déroulent à Venise en 1742. Ce 3e opus de Robert de Laroche (après La Vestale de Venise et Le Maître des esprits) nous entraîne en plein carnaval où une jeune femme de la noblesse est enlevée dans d’un palais à bord d’une gondole… Au fil des pages, d’autres rapts se suivent commandés par un effrayant personnage au visage de spectre. Les Vénitiens se mettent à redouter l’apparition de la « gondole des ténèbres ».
En même temps, des toiles de Véronèse sont mutilées ou échangées par une main anonyme… On ne vous en dira pas plus pour garder le mystère de ce roman captivant mené de main de maître par l’auteur qui habite maintenant au cœur de la Sérénissime. Ce passionné de romans noirs historiques a créé le personnage de Flavio Foscarini en 2019. On affectionne particulièrement cette atmosphère fantastique et cette équipe formidable : le comte Foscarini secondé par son épouse Assin et son ami l’écrivain Gasparo Gozzi.
Par Robert de Laroche. Editions Rouge Profond. 275 pages.